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3 InfoSteel #81 — 2025 - 4-5-6 sur cette vision et se concentre spécifiquement sur la décarbonisation des secteurs à forte intensité énergétique, dont l'acier. Cette année, la Commission européenne a traduit les recommandations de Draghi dans le Clean Industrial Deal4 en février 2025. Avec le système de taxation des émissions de CO2 (CBAM), l'Europe vise à taxer les importations en fonction de leurs émissions de CO2, tandis que les marchés publics verts doivent garantir une demande accrue d'acier durable en Europe. À notre avis, la proposition visant à instaurer des droits à l'importation plus élevés sur les produits semi-finis et finis est essentielle pour la construction métallique. Cela étant entendu, qu'il doit y avoir un équilibre entre l'introduction de taxes à l'importation et la croissance de l'économie européenne. Par exemple, dans les secteurs où les producteurs nationaux ont pris un tel retard que le renchérissement des importations ne ferait qu'entraîner des coûts excessifs pour l'économie. Dans ces circonstances, il serait préférable que l'UE finance davantage d'investissements dans des technologies plus avancées. Dans son Steel and Metals Action Plan (SMAP)5 de mars 2025, la Commission européenne s'appuie sur les rapports Letta et Draghi et réaffirme l'importance de cette harmonisation des règles en matière de marchés publics. Un marché autonome en pleine mutation Pour la Belgique, cela signifie des opportunités dans des applications plus circulaires de l'acier. À l'heure actuelle, près d'un quart de l'acier produit dans l'UE est déjà recyclé et l'objectif est de passer à 50 % d'ici 2030. Il existe déjà un nombre considérable de projets sidérurgiques liés à l'hydrogène dans l'UE, mais la concurrence du Moyen-Orient s'intensifie. L'UE se trouve donc à la croisée des chemins. Le programme d'investissement de Draghi exige du courage et des mesures concrètes, tandis que le marché intérieur de Letta nécessite une direction énergique et une cohérence politique. Pour les fournisseurs de l'acier et les constructeurs métalliques, deux éléments semblent donc essentiels pour les années à venir. Tout d'abord, les pouvoirs publics doivent doivent garantir la stabilité de la demande par le biais d'appels d'offres pour l'utilisation d'acier produit de manière durable. À cet égard, il est important que les producteurs et les constructeurs parviennent à limiter les hausses de prix, mais les pouvoirs publics doivent tenir compte dans leur budgétisation des effets à court terme du choix d'utiliser de l'acier produit de manière durable. En mettant trop l'accent sur la réduction des prix, on risque d'obtenir de l'acier d'origine non durable, par le biais d'un appel d'offres. Deuxièmement, les recettes provenant des taxes frontalières sur le CO2 (estimées à 14 milliards d'euros par an) pourraient être directement investies dans l'innovation dans des pôles tels que le cluster hydrogène de Gand. Comme l'indique la Commission européenne dans le SMAP : « Sans un marché dynamique de l'acier durable, l'autonomie stratégique restera une illusion. » La question n'est pas de savoir si l'Europe doit trouver cet équilibre, mais à quelle vitesse nous pouvons transformer ce défi en opportunités qui renforceront notre industrie, aujourd'hui et demain. L'industrie européene de l'acier est confrontée à un paradoxe : d'une part, l'UE s'efforce d'assurer son autonomie stratégique et de se rendre plus verte. D'autre part, divers facteurs sur le marché mondial mettent cette ambition à rude épreuve. Pour les fournisseurs et les constructeurs métalliques, cette tension reste une réalité quotidienne : comment concilier ces ambitions en matière de durabilité et d'autonomie avec l'abordabilité ? Examinons ces développements de plus près. Le passé est-il aussi l'avenir ? Les portes et les ponts de la nouvelle écluse de Terneuzen ont quitté la Chine [mars 2021]. L'acier bon marché chinois menace d'inonder le monde [septembre 2024]. Grand projet de fourneau ONE en route de la Thaïlande vers Anvers [novembre 2024]. Depuis plus de 15 ans, des commandes de structures métalliques sont régulièrement passées en Extrême-Orient. Il en résulte une fuite des connaissances, surtout en période de crise. Le libre-échange est bien sûr important, mais il ne peut en aucun cas être le seul point à l'ordre du jour. Il faut viser une politique commerciale qui tienne compte des aspects sociaux, écologiques et qualitatifs. EUROFER avait déjà averti il y a deux ans que sans mesures supplémentaires, les producteurs européens resteraient vulnérables à la concurrence de pays tels que la Turquie et l'Inde, où les normes environnementales sont moins strictes qu'en Europe.1 Letta, Draghi et l'UE : investir dans un marché divisé Au début de l'année dernière, le rapport Letta2 (avril 2024) a été publié, jetant les bases d'un renforcement du marché intérieur, qui offre des économies d'échelle aux producteurs d'acier en Europe. Le rapport souligne que ce renforcement passe par une harmonisation plus poussée des règles nationales en matière de marchés publics. Le rapport Draghi3, présenté en septembre 2024, s'appuie Rechercher un équilibre dans l'acier européen COLONNE Daphne Deckers, COO de Victor Buyck Steel Construction & Joost Merema, associé chez PRO6 managers

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