3 InfoSteel #82 — 2025/7-8-9 COLONNE Daphne Deckers, COO de Victor Buyck Steel Construction & Joost Merema, associé chez PRO6 managers borateurs expérimentés. Il ne s’agit pas d’un effet temporaire de la conjoncture économique, mais d’un défi fondamental et structurel pour notre secteur. Bien sûr, les initiatives telles que les campagnes de promotion et la formation par alternance restent absolument nécessaires, mais il faut reconnaître qu’elles contribuent principalement à ne pas aggraver le problème, sans le résoudre. Les conditions de travail spécifiques à la construction métallique – travail physiquement exigeant, souvent à l’extérieur, horaires irréguliers – rendent particulièrement difficile le recrutement et la fidélisation des collaborateurs. Les jeunes privilégient souvent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée et sont moins enclins à travailler à temps plein dans l’industrie, ce qui aggrave encore la pénurie. Cette situation peut être en partie compensée par un allongement de la durée du travail, mais il ne s’agit là que d’une mesure temporaire, et non d’une solution structurelle. Dans la plupart des cas, il n’est pas possible de travailler plus longtemps lorsque le travail est physiquement exigeant. Notre défi est-il vraiment unique ? Nous en doutons. La crise de l’acier des années 70-80 a ainsi entraîné des fermetures et des restructurations massives. Tout comme aujourd’hui, nous avons également connu un exode important de personnel expérimenté, souvent sans transfert suffisant du savoir-faire. Le secteur a ensuite dû se réinventer, en mettant davantage l’accent sur la spécialisation, l’innovation et la coopération internationale. Les régions qui ont innové le plus rapidement et investi dans la formation et la technologie sont finalement celles qui sont sorties le mieux de cette crise. Une transition cruciale Au vu du passé, nous constatons que le secteur de la construction métallique se trouve aujourd’hui à un tournant crucial. Pour relever les défis du vieillissement de la population et de la pénurie de main-d’œuvre, il faut se concentrer sur l’attraction de jeunes talents, en s’appuyant sur l’innovation technologique et l’intelligence artificielle, qui rendent les processus plus efficaces et le travail dans le secteur réellement plus attrayant. Parallèlement, l’image du secteur mérite d’être sérieusement revalorisée. La construction métallique est bien plus qu’un travail ardu : c’est un moteur de l’infrastructure durable, des énergies renouvelables (telles que les éoliennes) et de l’économie circulaire. Les projets sont souvent remarquables sur le plan architectural et techniquement sophistiqués. Cela attire notamment les jeunes talents. Ces atouts méritent d’être davantage mis en avant. Adopter le ‘triple A’ En résumé, il est temps de mettre activement en avant ces atouts afin que le secteur de la construction métallique soit largement considéré comme un environnement de travail pertinent, tourné vers l’avenir et innovant. Selon nous, la construction métallique devrait donc adopter le ‘triple A’ : Artificialité (IA) - Activité - Artisanat. La question qui doit se poser en permanence est la suivante : que pouvons-nous faire aujourd’hui pour que notre secteur reste intéressant pour la génération de demain ? IA, artisanat et main‑d’œuvre dans la construction métallique Recruter et garder les collaborateurs : pour vous, qui êtes responsable dans la construction métallique, cela représente un véritable défi actuellement. Le secteur de la construction métallique est confronté à un exode rapide des professionnels expérimentés à la retraite, alors qu’il y a de moins en moins de professionnels pour les remplacer. Il y a donc à la fois une décroissance et un vieillissement. Pour mettre les choses en perspective, au cours des prochaines décennies, pour chaque centaine de personnes sur le marché du travail, près de douze personnes seniors qui ne travaillent plus viendront s’ajouter1. En même temps, malgré tous les efforts du secteur, l’afflux de jeunes travailleurs techniquement qualifiés reste insuffisant. En chiffres La pénurie sur le marché du travail se traduit également en chiffres : en Flandre, près de 5% de tous les emplois dans l’industrie ne sont actuellement pas occupés2. Plus de 70% des entreprises du secteur de la construction et de l’industrie de production déclarent avoir des difficultés à trouver du personnel technique qualifié3. Vous le constatez sans doute vous-même : il faut plus de temps pour trouver de bons collaborateurs, les employés expérimentés partent et la charge de travail des équipes augmente. Simultanément, nous utilisons encore insuffisamment le potentiel de groupes tels que les travailleurs ayant un passé migratoire ou les demandeurs d’emploi âgés. Depuis des années, nous nous efforçons à augmenter l’afflux de nouveaux talents en enthousiasmant davantage les jeunes pour la technique, mais la réalité reste tenace. Le nombre total de jeunes diminue structurellement, de sorte que même un regain d’intérêt pour les formations techniques ne suffit pas à compenser la perte d’expérience. Les rapports scientifiques et les analyses sectorielles montrent clairement que l’afflux actuel de jeunes diplômés est loin d’être suffisant pour compenser le départ des collaÀ la recherche de mains intelligentes : 1 Conseil supérieur pour l’emploi — https://cse.belgique.be/sites/default/files/content/ download/files/202307_cse_etats_des_lieux_du_ marche_du_travail.pdf 2 Ces chiffres sont basés sur des données récentes consultées auprès de Statbel — https://statbel.fgov. be/fr/themes/census/population/age et en Flandre : Vlaanderen.be — https://www. vlaanderen.be/statistiek-vlaanderen/bevolking/ bevolking-naar-leeftijd-en-geslacht 3 https://www.linkedin.com/pulse/evolutie-vantechnische-vacatures-belgië-trends-en-vangysegem-fwyge/
RkJQdWJsaXNoZXIy MzE2MDY=